jeudi 12 septembre 2013

Commencer à récolter mes semences!



C'est  l'iniateur José Veys des "Jardins de Pommone" qui nous guide lors d'une soirée organisée par l'asbl Tournesol pour les Maîtres-Maraîchers à la CRIE (centre régional d'initiation à l'écologie) de Boitsfort.
D'emblée, nous voilà tous autour des graines apportées par lui et aussi celles amenées par d'autres participants. 
A la question posée:-Quelles sont les techniques basiques de récolte des graines sélectionnées présentes? 
Il nous apporte ces éléments de réponses.
Généralités:  Ce sont les siliques à maturité (plutôt avancée) qui seront sélectionnées, celles-ci seront bien séchées naturellement en étant suspendues dans un endroit sec. Ensuite, selon le type de fruit/graine, elles sont soit battues dans un sachet, ou ouvertes à la main, sinon écrasées avec les pieds munis d'escarpins.. et bien d'autres techniques (parfois empiriques) encore. Puis, vient le nettoyage des granules afin d'ôter les résidus et autres impropretés parfois vectrices de maladies comme les champignons, les œufs d'insectes ou leurs larves. Ici aussi, il est nécessaire de bien regarder, palper (dans la mesure du possible) les graines afin d'y déceler la présence du contenu porteur souhaité... mais aussi les insectes ravageurs potentiels... même à l'état de larve, car ils ne manqueront pas de contaminer toutes les semences sélectionnées! 
... Notamment les graines de tomates mises en pots pour fermentation sanitaire et souvent contaminées par la mouche "drosophile".
Avant  la manipulation des graines il nous faudra être
attentif aux plants choisis et qui seront sélectionnés
 en respectant quelques critères importants. 

Tout d'abord, s'assurer qu'il n'y a pas eu fécondation croisée par l'apport d'un pollen différent de celui souhaité. En effet, la faune butineuse et/ou le vent peu véhiculer des pollens provenant d'autres types de plantes potagères (compatibles certes), avec comme résultat un hybridation non désirée, ce qui donnerait un fruit/légume différent de celui prévu!
La plante potagère choisie comme "porte graine" doit aussi être saine, exempte de maladies et/ou de carences tout en étant visuellement attractive, pourvue de beaux fruits correspondant aux critères recherchés. Ce sont aussi les graines (fruits) de premières générations qui seront récoltées en veillant à  s'abstenir de prendre celles (ceux) trop près du sol (contenants potentiellement des bactéries invisibles) ou encore, les siliques (capsules/contenants) encore trop humides, et ou trop vieilles.

Remarque: Les graines des fleurs issues de semences "Hybride F1" sont programmées (par l'industrie semencière) pour diminuer la capacité germinative des graines récoltées! 

Quelques exemples de récolte de graines semencières : ... des plus complexes aux plus faciles!


Les  solanacées: (tomates, poivrons, aubergines...)


Après avoir recueillit les graines présentes dans les tomates, (souvent plus nombreuses dans les variétés rouge) les placer dans un mini-contenant fermé de manière étanche et laisser une fermentation  (de plus ou moins 5 jours) s'opérer car cette étape va permettre l’éradication des maladies potentiellement présentes. Ôtées du pot, puis lavées (assez abondamment pour éliminer les substances collantes), puis tamisées les graines seront séchées (par ex. sur papier absorbant... de qualité!). L'étape suivante consiste à la mise en sachet (permettant l'évacuation de l'humidité résiduelle éventuelle), l’étiquetage comprenant le nom de la plante potagère, suivit du nom de la variété, les origines éventuelles et l'année de récolte. 

Remarque: En règle générale la plupart des graines potagères ont une longévité de plus ou moins 4 ans!
NB: Cette technique de récolte de ces graines est aussi adaptée aux autres solanacées avec toutefois des variantes (qui ne sont pas mentionnées ici!).

Les cucurbitacées: (courges, courgettes, potirons, concombres...)

Les possibilités d'hybridations sont multiples et peuvent parfois s'étendre à un périmètre de plusieurs centaines de km. Cependant, ces hybridations sont seulement possible à l'intérieur de sujets de type identique. Par exemple la courge C.Pepo... dont font partie les courgettes, ne s'hybridera pas avec le type C. Maxima (potiron)! ... plus de précisions: http://fr.wikipedia.org/wiki/Courge

La technique:
Pratiquer une découpe en deux parties égales du fruit bien mûr et qui laissera dès lors bien apparaître les graines; le type rond se découpe de manière horizontale entre la queue et l’extrémité  et le type allongé verticalement de la tête à la queue. Ensuite, bien gratter les pépins (parfois fort nombreux et très visibles des potirons et insignifiants des courgettes (surtout en pré-maturité)) et les laisser s’assécher sur un papier absorbant? Il n'est pas vraiment nécessaire de nettoyer les graines entourées de filaments, cependant cette opération facilite la mise en sachet et permet aussi de détecter manuellement les graines vides ou mal formées à éliminer. Les graines( bien séchées)  se conservent bien dans une boîte en plastic ou en fer blanc et à l'abri de la lumière.

Les brassicacées:  (choux, roquettes, choux-raves...)
Roquette sauvage


Ici encore, les possibilités d'hybridations sont nombreuses et il faudra surtout surveiller à la présence éventuelle de roquette sauvage fleurissant presque tout le temps et qui souvent hybridera les choux.
Ce sont principalement les insectes qui par le biais de leur récoltes de substance nectarifères vont véhiculer des pollens... jusqu'à plus de trois km. pour les abeilles par ex! Des solutions existent tout en étant difficile à mettre en oeuvre en milieux ouverts proche de ruches. Il s'agira par exemple de provoquer la fécondation manuellement... puis d'éliminer toutes les fleurs présentes avant/après manipulation...ce qui exige de la patience et/ou une habitude et des connaissances quasi professionnelles.

La technique:
Ce sont les siliques à maturité déjà décolorées qui seront sélectionnées par temps sec en ôtant les branches matures directement sur le plant. Celles-ci peuvent (si nécessaire) être suspendues tête en bas dans un endroit sec pour s’assécher  complètement. Ensuite, les fruits (sur la branche) seront écrasés (par des pieds assez délicats) sur un drap ou une bâche afin de libérer les graines souvent nombreuses. Un premier tri peu alors se faire en supprimant les branchages présents puis, les plus petites particules seront affinées dans un bac horticole (de couleur foncée neutre) ou dans une bassine et/ou casserole de ménage.En faisant sauter les éléments ils se diviseront naturellement à cause de leur forme, densité ou poids. 
Remarque: Les professionnels affinent le tri jusqu'à l'obtention de graines parfaites exempte de déchets... si petits soient'ils... ce qu'une récolte semencière artisanale ne pourrait exiger, mais il faudra cependant rester attentif à la présence d'insectes parfois minuscules ou "caméléons" comme les punaises!
La conservation est du type standard.

Les fabacées: (pois, haricots, fève des marais...)
Fève des marais


... De plus en plus facile que cette récolte de graines qui l'est aussi par la taille des siliques (gousses) de ces fruits.
La technique: 
 Ce sont les plus belles, les plus pleines de premières générations qui seront récoltées à une hauteur moyenne ni trop près du sol ni en formation terminale non plus. La déhiscence (séparation en deux parties) se fait automatiquement dès que le fruit à maturité aura séché suffisamment (sur pieds le soleil provoquera un racornissement qui éjecte les graines au loin). Pratiquée manuellement, cette opération sera l'occasion de faire un premier tri afin de vérifier la présence de vers puis d'éliminer les graines trop petites et ou décolorées. Il faudra aussi veiller à la présence à l'intérieur de la peau du fruit d'une contamination sournoise par une larve à ce stade invisible.
Remarque: La ponte de certains insectes se fait à l'intérieur de l'ovaire (qui se développera fécondé en fruit) ensuite la larve en dormance se nourrira de l'intérieur du fruit tout en étant quasi invisible de l'extérieur. Les graines incriminées présentant une décoloration ponctuellement marquée et peuvent contaminer toute la réserve du bocal de fruit sec durant l'hiver... insidieusement!

Voilà... le présent article, rapporté d'une conférence de moins de deux heures, n'a d'autres ambitions que de tracer un compte rendu des informations reçues lors de cet exposé et que je souhaitais partager pour aller plus loin et peut-être inciter des potagistes (une bien belle nouvelle appellation!) à se lancer... mais seulement avec ces quelques réflexions glanées ( en guise de mise en garde) pour la réussite de la récolte des semences.
En vue de protéger les bacs potagers d'un arrachage prématuré!



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