samedi 14 février 2015

Semer, bouturer et autres missions potagères au Domaine du Khenfouf.

Une fois n'est pas coutume, ce sont des images 'bucoliques' qui servent "de fil conducteur" au thème maraîcher proposé/rédigé.



C'est suite aux inondations catastrophiques du mois de décembre 2014, que je me suis proposé pour une semaine d'aide aux travaux de restaurations du "Domaine du Khenfouf" au sud du Maroc. 

Bien sûr, quelques jours seulement ne sont pas suffisants pour réparer les multiples dommages occasionnés par les eaux torrentielles et boueuses qui ont dévalées les montagnes vers l'oued jusqu'à faire monter le courant de plusieurs mètres dans les vallées, engloutissant de beaucoup les cultures potagères généralement proches du lit de ces rivières.





Mais quelques jours sont toutefois bienvenus pour rendre courage aux exploitants du domaine qui vont avoir fort à faire pour réparer les dégâts des sols...en plus des restaurations des murs de soutènement des cultures en terrasse et ceux de l'enceinte en pisés, qui cernent cette ancienne exploitation (d'origine Espagnole) de plus de 5 hectares.





Pour pénétrer dans  l'enceinte (en véhicule tout terrain) il faut tout d'abord traverser l'oued à présent quasi à sec puis contourner l'immense poulailler ou s'égaillent oies, canards, dindes et autres paons magnifiques. 








Ensuite, en traversant les champs, 
(encore en jachère à cette période de l'année) croiser les "mini potagers en carré" dont la terre rouge et rocailleuse impressionne d'emblée. Ce substrat tout comme l'eau des puits est salé mais il y pousse cependant  à l'envi, des salicornes et des salades "bio" qui déjà en cette saison sont proposées aux visiteurs et à quelques restaurants d'Agadir.




J'arrivais sur le domaine plein de bonne volonté, mais ne sachant par ou commencer, j'ai donc investit la serre des plantules potagères pour semer quelques plantes condimentaires et transplanter "en poquet" des variétés de légumes méditerranéens/maghrébins typique comme ces Gombos improbables et savoureux.




        En serre  j'ai aussi eu l'occasion de réaliser quelques boutures en provenance des fleurs et plantes condimentaires du domaine. Des variétés de rosiers rugueux "Hansa' ainsi qu'une sorte de romarin nain 'Prostata' ont notamment été sélectionnés pour cela..en espérant que ces travaux seront couronnés de succès.

  

















Seul dans la serre, je n'y ai pas vraiment souffert de solitude puisque mes amis lézards (des geckos aux pattes palmées)  ainsi que deux Bouledogues Français, flanqués d'un lévrier noir étaient en permanence à mes côtés. Ces chiens, qui m'accompagnaient tout au long de la journée savaient aussi profiter de mes travaux de restaurations des cavités de rétention d'eau.Tapis au pied des bougainvilliers, ils savouraient cette terre fraîchement binée pour se déplacer au gré des travaux faits mais aussi des déplacements du soleil, parfois trop ardent à leur goût! 



Une autre activité fut aussi de tailler des oliviers et des arganiers en forme. La taille des  "Arganiers"... sorte d'oléagineux qui ne pousse qu'au Maroc, est assez semblable à celle des oliviers. Cet arbre, fort épineux (douloureux à traiter/manipuler) souvent centenaire a la particularité de plonger ses racines très profondément en terre...parfois à près de 100 m pour les plus vieux sujets. C'est sans doute aussi pour cette raison que l'huile d'argan extraite de ses fruits (sorte de grosse olive jaunâtre) détient de multiples vertus/baumes en plus de son goût de 
noisette raffinée caractéristique!





De cette semaine au Domaine du Khenfouf, je rapporte des souvenirs forts, parfois troubles aussi. 
Car comment gérer un domaine aussi vaste dans des conditions parfois si difficiles et tributaires d'aléas climatiques incertains. 

Patricia Tchenerpine, propriétaire du lieu tente d'y développer des productions de légumes et d'autres biens dans un respect ardent du terroir, de la biodiversité et des gens qui y vivent. 

Son travail (toujours accomplit avec enthousiasme et ténacité) ne lui rapporte guère mais elle demeure pourtant attachée à cette belle idée de cultiver en bio des légumes en pleine terre dans une région  aride et difficile, aidée en cela par son jeune "Contremaître Sliman" originaire de la région voisine... tout comme la petite dizaine d'ouvrier et d'ouvrière.

 Toutes et tous ici ont un rôle à jouer en préservant cet espace qui, outre les légumes propose aussi des fromages de chèvres ,mais aussi de l'artisanat comme ces tissages, aux mille couleurs naturelles, qui sont réalisés par des couturières habitant les villages voisins.






En conclusion, comment ne pas tomber amoureux de ces lieux et ces maisons caractéristiques, comment ne pas aimer les gens d'ici qui vivent  de cette nature forte et difficile et dont ils ont su encore et toujours tirer le meilleur.


Alors, je crois parfois pouvoir dire que celles et ceux d'ici, qui viennent chez nous au froid, celui de notre climat humide et parfois celui de nos cœurs, sont des êtres bien courageux ...






...en bute aux vicissitudes de circonstances de vie qui nous dépassent et dont nous avons aussi l'obligation de solidarité responsable.