vendredi 11 décembre 2015

Les légumes des marchés populaires au Maroc

Les marchés populaires du sud Marocain regorgent de fruits et légumes tous plus attrayants les uns que les autres. 
Ils ont gardés cet aspect à la fois colorés/goûteux et simples de nos marchés d’antan,... d'avant les productions industrielles calibrées pour les "super marchés"!


Les fournitures de ces marchés de denrées alimentaires sont principalement assurées par des petits producteurs (souvent locaux) travaillant de manière artisanale en famille.
Mais dans quelles difficiles conditions?...
La terre dans ces régions n'est pas riche, souvent rouge d'aspect (constituée en partie par des sables du désert et les limons des roches) elle est aussi gorgée de sels qui proviennent des embruns marins le long des côtes et jusqu'à plus de 50 km de la mer à l'intérieur des terres.
C'est dire que ce substrat ne génère pas les meilleures terres pour les cultures!

Et pourtant, les agriculteurs du Maroc sont parvenus à extraire le meilleur rendement de ces conditions difficiles car ils ont su s'adapter et tirer parti de toutes les ressources disponibles. 
Dans ces régions désertiques,souvent vouées au pâturage, les purins d'animaux sont un apport essentiel de même que toutes les formes de lisiers, produits pas les gallinacées, les chèvres et les moutons ne sont pas négligées. Souvent aussi les déchets végétaux de "tous venants" viennent enrichir les champs qui en ont bien besoin. 
Et comme si de telles conditions difficiles ne suffisaient pas, l'eau souvent fait défaut...quand elle n'arrive pas de la montagne en torrents, en balayant sur son passage toutes les cultures principalement localisées près des "Oueds"...ces cours d'eaux quasi à sec tout au long de l'année.
Heureusement, depuis des siècles les autochtones ont créés des bassins de rétention d'eau qui sont constitués de deux sources distinctes.
La première provient de la canalisation des eaux pluviales qui sont ainsi dirigées vers des puits, parfois fort grands.


Dans la région de Mirleft, j'ai rencontré le cultivateur d'une petite parcelle potagère qui est irriguée par l'eau d'un puits de rétention de dimensions fort honorables. Cet ouvrage réalisé par son frère aîné mesurait en sous sol 7 mètres de profondeur sur 10 mètres et dans une forme carrée... ce qui représente tout de même 700.000 litres d'eau... de quoi parer au plus pressé! Arroser les cultures potagères installées dans les gorges (ces espaces entre collines) d'écoulements naturels des eaux n'est pas chose simple car l'eau extraite du puits est souvent apportées à la main avec des seaux.
Omar, le cultivateur ne s'en plaint pas, trop heureux qu'il est d'avoir à portée de bras cette eau bienfaitrice sans laquelle aucune culture n'est possible.
Les autres puits sont alimentés  par des captages d'eau dans les nappes phréatiques souterraines naturelles . Ces nappes ont aussi deux origines différentes, l'une est alimentée par les pluviosités naturelles, mais rares, l'autre est constituée par des rétentions beaucoup plus anciennes et non renouvelables. 

Les paysans de ces régions ont aussi adoptés des techniques de cultures maraîchères qui rendraient jaloux nos 'Maître-Maraîchers' occidentaux car, à l'instar des cultivateurs d'Amérique du sud, ils pratiquent ces cultures que nous appelons complémentaires-bénéfiques et dont voici la règle de conduite. 
Sur une même parcelle les maïs, accompagnés de tomates, haricots ou pois, et potirons sont cultivés simultanément.
La raison en est bien simple puisque les cannes de maïs serviront de support pour les plantes potagères grimpantes comme les tomates et les haricots. 
Ces derniers apporteront des fertilisants naturels comme de l'azote synthétisé par la lumière absorbée et mis en réserve dans les racines (nodules). 
Enfin, les potirons, en plus de pouvoir accrocher leurs branches et feuilles aux chaumes de maïs pourront poser leurs fruits au sol en l'ombrageant en même temps du soleil fort ardent en été.
Ci-contre, dans un marcher couvert de Tiznit l'étale de l'épicier regorge de fruits et légumes locaux attrayant,...mais pas seulement. 
Les cucurbitacées, courges et autres melons se trouvent en bonne place et voisines avec des mains de bananes de petits calibres, fermes et délicieusement sucrées. Ces derniers fruits produits n'ont décidément rien à voir avec nos grosses bananes "Cavendish" produites dans des contrées lointaines à grands renforts d'engrais et produits sanitaires...!


Sur les hauteurs du petit village Berbère, "Igrar El Maatoug" dans la région de Mirleft les puits anciens sont nombreux. Chaque village en amont possède  le sien qui est entretenu avec amour par la collectivité car il est souvent un lieu de rassemblement où les ménagères viennent s'approvisionner en eau et aussi y faire leurs lessives. Souvent clôturés par des murs de pierres surmontés d'épineux répulsif des animaux domestiques et aussi sauvages, ces espaces incorporent parfois des petites cultures de plantes condimentaires/aromatiques.

Par les pratiques respectueuses de l'environnement, les oiseaux ainsi que les papillons - nichés dans des lieux qui font la joie des botanistes et des ornithologues - sont en général fort nombreux. On retrouve dans les plaines rocailleuses, dans les collines et au bord de la mer quantité d'espèces migratrices provenant de nos régions et qui - après avoir traversé l'océan ou la méditerranée par le détroit de Gibraltar - trouvent ici leurs quartiers d'hiver et la nourriture en abondance. Le papillon 'Belle Dame' parcoure ainsi plus de 3.000 km tout comme l'étourneau qui nous rapportera de là des nouveaux chants apprit au contact des autochtones de ces contrées Africaine.
C'est aussi ici que se retrouve l' "Alouette des champs" et le "Tarier des près" qui lui descend encore plus bas...aux portes du Sahara Marocain!
Les produits de l'agricultures se cultivent également dans les oasis qui se trouvent quelques fois au cœur ou à proximité d'ancienne localité. 
Ainsi, la petite ville de  "Ain Oulet Jerrar" à 17km de Tiznit est une curiosité. Depuis plus de trois siècles, une source d'eau alimente les cultures de légumes et de grains ainsi que les oliveraies de cet oasis bordés de murs d'enceinte en pisée.


Les figuiers, grenadiers et les oliviers voisinent avec les vignes et les bananiers qui ceinturent des champs de maïs ainsi que d'autres céréales comme de l'orge. Se promener dans ces dédales de voies d'eau qui alimentent les cultures est un plaisir des sens qui n'a d'égale que la fraîcheur apportée par ces chemins parcourus à l'ombre des arbres parfois fort grands. Pourtant, je suis triste de constater l'état d'entretien général de ces espaces qui petit à petit sont délaissés par les jeunes générations trop attirées par la ville et ses "feux de bengale" prometteurs!

La vie et les coutumes locales semblent pourtant être bien attirantes,...à l'image de cette boulangerie de cuisson des galettes que vient retirer cette jeune femme et ces enfants. Ils enlèvent leur préparation qui a été cuite par l'artisan spécialisé/préposé à la cuisson des pâtons que lui apporte la ménagère. Ainsi donc, en plus des quelques pains qu'il réalise et cuit dans son propre fourneau, ce four est aussi comblé avec les galettes réalisées par le voisinage...peut-être moyennant quelques dirhams Marocains ou d'autres échanges!?


Sur cette bâche - à même le sol - au pied d'oliviers centenaires, des olives noires sont mises en séchage quelques temps avant d'être traitées au jus de saumure en vue de leur conservation. De cette masse, une odeur un peu acre se dégage et je suis étonné de ne pas y voir les mouches roder. Dans l'oasis les arbres d'oliviers atteignent des  très grandes dimensions ce qui les faits ressembler parfois à des saules ou des peupliers,  et ils semblent ne pas être taillé spécifiquement pour la fructification,... cependant ils produisent bien tout en ombrageant partiellement bien les terres.


Les couleurs contrastées, souvent d'origines naturelles, qui pigmentent les murs peints à la chaux semblent venir d'un autre âge,... tout comme l'aspect rustique des murs de ces anciennes cités fortifiées.

Mais, comment ne pas être séduit par ces atmosphères chaudes qui ont su être préservées de trop de convoitise car ici rien n'est à voler,... sinon par le regard et la vue des hommes du désert et celle de leurs femmes voilées,...gracieuses!

Ces  grandes assiettes en bois pourraient sembler anodines,... mais ici au cœur de ces paysages, dans ces contrées minérales et pauvres où, en dehors des oasis épars, presque rien ne pousse - hormis les arganiers endémiques et quelques palmiers dont les racines ont su trouver une nappe d'eau - ces plats d'essences rares sont un trésor.
Ils servaient autrefois au couscous partagé en famille et que les autochtones mangeaient (tout comme aujourd'hui encore parfois) avec les doigts et avec une dextérité étonnante!

A même le sol et sur des nattes ou des tapis ces contenants étaient disposés de manière centrale et chacun pouvait s'y servir à sa guise à la main pour avaler la bouchée en se léchant les babines de plaisir.

                                                      
Dans la pénombre de boulangerie, j'ai eu du mal à reconnaître dans cette construction le four à galettes et pains Marocains. Les marmitons/boulangers y étaient pourtant nombreux à enfourner et retirer les pâtons de toutes les dimensions. Ils se sont écartés de bonne grâce devant le "touriste" aux yeux hagards qui débouchait dans ces lieux sombre, la vue encore inondée de la lumière et du soleil de l'extérieur.
Sur le côté, des enfants piaillaient comme des moineaux en vue de pains, ces pains fraîchement cuits qu'ils venaient enlever.


Avant de décortiquer les cônes de maïs, ceux-ci sont entreposés à l'ombre et au sec pour y sécher,...le temps qu'il faudra car ici, aux portes du désert la lenteur, garante de longévité est une vertu.

Il n'y a que les enfants qui sous cette chaleur courent dans les rues. Ils se poursuivent, font des cabrioles, jouent souvent au "foot" et sont toujours étonnés de voir arriver ces étrangers,... si blancs qu'ils semblent plutôt lunaires que terrestres. Après avoir suivit l'étranger, d'abord du regard puis plus effrontés en se glissant dans ses pas, ils décochent des sourires désarmants et si gracieux qu'il serait vain d'en traduire les intentions.

Ou peut être, jouissent ils encore de cette permissivité de leur âge qui les dédouanent des conventions et des bonnes mœurs de la religion!?


Alors, ne m'en veuillez pas d'avoir douté des règles de dissimulation des corps féminins car en entrant dans cette pièce, j'y ai vu tout autre chose que ce pourquoi ces formes sont destinées.
Un instant,..fort bref cependant, je me suis dit qu'un artiste avait trouvé un exutoire à ses multiples frustrations en représentant ses désirs inassouvis. 
Il ne s'agissait en fait que de mini fours à pains qui sont façonnés en formes de galettes collées sur ces formes préchauffées...avant d'arriver à maturité!...